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Jacques II accorda cette dérogation à dix pasteurs réformés réfugiés.
Comme l’Eglise de Picardie, l’Eglise française créée en Angleterre fut organisée suivant le système dit « de Charenton ».
Samuel Métayer desservit les Eglises de la Nouvelle Patente et de la Patente de Soho. Il mourut en 1707 alors qu’il était depuis vingt ans ministre de Thorpe-le-Soken (Essex).
NDLR. : Le tribunal des traites jugeait des infractions douanières.
Il s’agit vraisemblablement du sieur Salomon Bernard, ci-devant ministre en Vivarais, accusé sans fondement par les Pères Récollets d’avoir entretenu des intelligences avec l’Angleterre et condamné à être pendu, qui s’était enfui en Suisse puis en Hollande.
Les Eglises de Templeux, le Ronssoy, Lempire, Hargicourt, Jeancourt, Vendelles et Nauroy seraient pour ainsi dire « nées » de ces réunions.
Le malheureux curé signe la lettre envoyée à l’intendant : Frassen, prêtre indigne, curé de Remigny.
Ceci est attesté dans le mémoire adressé au roi par Ponchartrain en 1700.
NDLR : Rappelons qu’à la fin du règne de Louis XIV, tous les sujets du roi étaient sensés être catholiques. Les huguenots étaient traités de Nouveaux Convertis, qu’ils aient ou non abjuré.
Templeux fut envahi par la maréchaussée pendant une nuit de mai 1716 et en août et novembre 1717.
NDLR : Catherine Leloir est morte le 21 octobre 1717 (source registres paroissiaux).
Il s’agit de Hubert Flamant de Templeux et de Michel Eusèbe du Ronssoy, qui ne furent élargis qu’en juin 1718, après la « conversion » de ce dernier.
NDLR : Les troupes hollandaises occupaient les villes de la Barrière, pour le compte des Espagnols, depuis 1713. On trouve trace de mariages protestants picards à Tournai dès 1719 dans le registre du curé de Templeux-le-Guérard.
A Saint-Quentin, le jardin de Pierre Petit, brasseur et le jardin de Cyprien Testart servirent de cimetières.
Le ministre des affaires générales de la religion protestante était Saint-Florentin, duc de la Vrillière.
Après s’être retiré à Paris en 1773, Jean Baptiste Briatte desservit quelques mois en 1775 l’Eglise de Sedan et quitta la France. Il mourut à Maestricht le 14 avril 1793.
Lettre du ministre Broca de Lausanne.
NDLR. :Sempuis est l’actuel Cempuis (60).
Le ministre Dolivat quitta la France et se retira en Hollande.
Jean Baptiste Née était né en 1756 à Vraignes-les-Hornoy (80).
Les Eglises de la Barrière n’existaient plus, le traité de Fontainebleau ayant supprimé les garnisons tenues par les troupes hollandaises (10 novembre 1785).

La révocation de l’édit de Nantes

La révocation de l’édit de Nantes le 18 octobre 1685 mit le point final aux derniers espoirs de ceux qui restaient. Le roi voulait une seule religion dans son royaume. Il était d’ailleurs persuadé que les efforts qu’il avait prodigués depuis des années pour remettre dans le droit chemin les hérétiques avaient porté leurs fruits et qu’il ne restait presque plus de religionnaires, les uns ayant abjuré, les autres étant partis.

L’édit enjoignait aux ministres de la R.P.R. de se convertir ou de quitter le royaume dans les quinze jours. Pour Samuel Métayer, il n’était pas question d’abjurer, il se résigna donc à se retirer à Londres. Le roi d’Angleterre Jacques II, par dérogation spéciale, lui accorda la permission de se soustraire à la règle qui astreignait jusque-là les réfugiés à suivre le rite anglican[26]. Dès lors, Samuel Mettayer s’occupa donc d’instituer en Angleterre une Eglise française calviniste[27]. Des terrains furent achetés et de nouvelles églises bâties[28].

Le dernier article de l‘édit de révocation concernait les huguenots obstinés refusant de se convertir. " En attendant qu’il plaise à Dieu de les éclairer ", ils pouvaient demeurer en France et y continuer leur commerce, à condition de ne tenir aucune assemblée et de ne pas pratiquer leur religion. Quelques optimistes espérèrent que cet article leur permettrait de bénéficier d’une certaine neutralité religieuse ; ils comprirent vite leur erreur en voyant arriver, outre les théologiens catholiques chargés de les convertir, des dragons armés d’épées et de mousquets. Ces dragons profitaient de leur droit de logement pour piller et brûler, si bien que les malheureux religionnaires finissaient par être obligés d’abjurer sous la contrainte. A Saint-Quentin, le plus récalcitrant des huguenots fut Jean Descarrières qui résista autant qu’il put avant de se résoudre, la mort dans l’âme, à abjurer.

Bientôt Louvois fut averti qu’il ne restait aucun hérétique en la bonne ville de Saint-Quentin. Cependant il était aussi informé qu’il subsistait plusieurs autres foyers d’hérésie, notamment à Bohain et Brancourt. Ayant constaté l’efficacité des soldats à Saint-Quentin, il décida de pratiquer de même dans les villages incriminés. Il envoya donc sur place les soldats de la garnison de Cambrai, tandis que l’évêque de Noyon, la bouche pleine de paroles charitables, y accompagnait plusieurs missionnaires.

Pour être valable, l’abjuration des hérétiques devait avoir lieu suivant une procédure bien précise devant plusieurs témoins, dont un représentant de l’évêque. Les Nouveaux Convertis devaient ratifier leurs promesses " dans les termes prescrits ", c’est-à-dire reconnaître leurs erreurs et faire profession de la foi catholique, apostolique et romaine. L’absolution leur était ensuite administrée. Un certain nombre d’entre eux furent ensuite tourmentés par leur conscience, aussi arriva-t-il que, sur leur lit de mort, ils refusent de recevoir les sacrements du prêtre et déclarent vouloir mourir dans la Religion Prétendue Réformée. Certains de ces cas furent rapportés au lieutenant criminel du bailliage de Vermandois. En application d’une déclaration du 29 avril 1686, ce dernier fit condamner les cadavres à être traînés sur une claie attachée à une charrette avant d’être jetés à la voirie. Les biens des défunts furent confisqués.

Une autre ordonnance concernant les Nouveaux Convertis fut décrétée le 16 octobre 1688. Elle ordonnait qu’ils remettent aux magistrats " tous les mousquets, fusils, carabines, pistolets, épées, hallebardes et autres armes en leur possession ".Seuls, les gentilshommes avaient l’autorisation de garder quelques armes.

Si certains huguenots se " convertirent " du bout des lèvres, d’autres décidèrent de s’enfuir comme l’avaient déjà fait nombre de leurs prédécesseurs. Ils cherchèrent refuge en Angleterre et en Hollande. Des réseaux de guides s’organisèrent. C’étaient, pour la plupart, des gens honnêtes et dévoués, mais il arriva que certains, pour des raisons mercantiles, trahissent les groupe dont ils avaient la charge. Lorsqu’un groupe de huguenots en fuite était surpris, ils étaient emprisonnés après que la régie des fermes leur avait enlevé argent et bagages. Louis XIV jugea bientôt que les Fermiers Généraux s’enrichissaient trop et qu’une partie du butin pourrait tomber dans sa propre caisse. Il fit donc prescrire que les religionnaires arrêtés fussent dorénavant jugés, non par le tribunal des traites[29], qui faisaient confisquer les biens au profit des Fermiers Généraux, mais par les juges faisant " procès des personnes ". Cela lui permit de ne laisser aux fermiers du Domaine qu’un tiers des biens saisis, le reste tombant dans la caisse royale.

Cependant, au bout d’un moment, un problème auquel on ne s’attendait pas se posa. Comme le nombre de protestants arrêtés s’accrut rapidement et comme ces huguenots opiniâtres refusaient de se convertir, prisons, bagnes, couvents, galères furent bientôt pleins. Les autorités se virent alors contraintes d’expulser et de faire conduire elles-mêmes à la frontière un certain nombre de religionnaires, ce qui était contraire à la loi !

Un article de l’édit d’octobre 1685 ordonnait la destruction des temples. Ainsi fut détruit le temple du Haucourt, qui avait été bâti avec tant de difficultés. La vente des matériaux récupérés servit à payer les réparations de l’église catholique du même village et à construire l’église catholique d’Esserteaux.

La guerre de la Ligue d’Augsbourg, déchaînée en 1688 sur l’Europe par les persécutions dont souffraient les protestants français, occupa le roi pendant neuf ans, ce qui procura un certain répit aux Nouveaux C onvertis. Certains d’entre eux avaient une conduite dont Sa Majesté avait lieu d’être satisfaite. Mais beaucoup, petit à petit, sortirent de leur torpeur, commencèrent à ne plus monter la docilité espérée et éludèrent les actes du culte catholique. Dans ce contexte, certains réfugiés se décidèrent à revenir mais se gardèrent bien de se manifester auprès du clergé catholique. Un ministre venant de Hollande vint leur rendre visite. Il se fit passer pour un marchand de dentelles et eut même la témérité de s’introduire à Saint-Quentin[30] ! Trois ans plus tard, un autre pasteur du désert, Gardien Givry, dit Duchêne, revenant d’Angleterre, fit un séjour dans la région de Saint-Quentin et visita Landouzy-la-Ville, Saint-Pierre, Lemé. A la lueur des flambeaux, il présida deux longues réunions nocturnes à la " boîte à cailloux[31] ", vallon très boisé proche d’Hesbécourt. La foule se pressait pour recueillir ses paroles ; plus de cinq cents personnes vinrent l’écouter à chacune des réunions de la boite à cailloux.

La paix de Ryswick, libérant Louis XIV de ses soucis avec les étrangers, lui permit de reprendre plus activement son œuvre, si bien commencée, destinée au salut des âmes de ses sujets. Le 7 janvier 1699, un mémoire rappela et confirma aux intendants et commissaires les instructions de l’édit d’octobre 1685.

C’est à cette époque que se situe l’histoire de Nicolas Frenoy, berger à Remigny. Cette affaire impliquait un certain nombre d’anciens calvinistes de la paroisse de Saint-Quentin. Nicolas Frenoy était catholique et marguillier de sa paroisse. Messieurs Couillette, père et fils, tous deux blanchisseurs à Saint-Quentin, Jacob, brasseur au même lieu et Bocquet, brasseur de la Fère eurent l’occasion de lui parler de la foi huguenote, ce qui amena le berger à se procurer une Bible. Le curé l’apprit, s’en empara, la vendit et lui remit à la place une Vie des Saints. Le paroissien indocile parvint néanmoins à acheter une autre Bible qui fut de même soustraite par le curé. Les trois protestants Nouveaux Convertis évangélisateurs fournirent alors à Nicolas Frenoy un Formulaire de la cène, du baptême et du mariage, terminé par un catéchisme à l’intention des enfants de la R.P.R. et par des psaumes. Le berger-marguilier lut ce livre avec avidité et se mit à communiquer à son entourage sa nouvelle façon de voir. Témoin de ces faits et profondément atterré, le malheureux curé de Remigny se mit à considérer son paroissien comme un " dangereux libertin " et il en référa à l’intendant de Soissons[32]. La justice royale, se rendant au domicile du berger, n’y trouva aucun livre interdit. Pour prouver sa dénonciation, le curé produisit alors une des Bibles confisquées. Frenoy jura que désormais il ne lirait plus que La vie des Saints. Ces bonnes dispositions lui valurent d’être seulement condamné à une amende ainsi qu’à fournir à l’église un cierge de cinq livres. Il dut aussi faire amende honorable en promettant de vivre désormais dans la religion catholique, apostolique et romaine.

En 1700, c’est-à-dire à peine un an après le rappel de Louis XIV à la sévérité, de nombreux Nouveaux Convertis ne faisaient pas acte de catholicité, tant à Saint-Quentin que dans les villages de Villers-Saint-Christophe, Jeancourt, Le Haucourt[33],... Pour récompenser les Nouveaux Concertis soumis et pour les inciter à continuer, Louis XIV décida donc de leur prodiguer ses faveurs. Il espérait attirer ainsi, dans le saint giron de l’Eglise, les huguenots plus récalcitrants. Comme récompense, il donna des armoiries aux manufacturiers et marchands jugés utiles à la prospérité du royaume. D’autres Nouveaux Convertis pratiquant correctement la religion catholique purent même acheter des brevets. C’est ainsi que certains devinrent assesseurs et échevins à Saint-Quentin.

Mais le roi Louis XIV vieillissait. Après les cinq traités de paix signés en 1713 et qui mirent fin aux guerres, le monarque sembla moins se complaire à la persécution religieuse. Son confesseur, le jésuite Letellier, l’encouragea cependant à signer la déclaration du 8 mars 1715. Les religionnaires Nouveaux Convertis refusant les sacrements de l’Eglise et déclarant persister et mourir dans la R.P.R. seraient déclarés relaps, même s’ils n’avaient pas abjuré dans le passé et leurs biens seraient confisqués[34].

Après la mort de Louis XIV, les protestants espéraient une accalmie dans les persécutions. En effet, les questions religieuses laissaient le régent Philippe d’Orléans assez indifférent. Mais, en Picardie, la maréchaussée rêvait encore de terroriser les parpaillots. C’est ainsi qu’on vit la maréchaussée de Péronne envahir par trois fois le village de Templeux-le-Guérard[35]. Des maisons furent pillées et quatre huguenots arrêtés et conduits en prison, où ils croupirent six mois. Le prévôt de la maréchaussée, Legrand, tua d’un coup de pistolet Catherine Leloir[36], femme de Nicolas Dassauvillé, l’un des prisonniers relâchés. La justice fit grâce au meurtrier et, en même temps, envoya la fille de la victime rejoindre en prison deux de ses coreligionnaires[37] !

Bon nombre de familles persistaient dans la foi réformée. Les huguenots picards les plus convaincus allaient se marier ou assister à des cérémonies religieuses dans les Eglises de la Barrière, de l’autre côté de la frontière du Nord. A Tournai, Armentières, Menin, Ypres et Namur, il y avait en effet des pasteurs qui ouvraient toutes grandes les portes de leurs églises aux protestants persécutés. Ces ministres huguenots étaient arrivés en 1715, après que les Pays-Bas espagnols avaient engagé des troupes de mercenaires hollandais pour tenir les garnissons formant barrière avec la France[38].

A la majorité du jeune roi Louis XV en 1723, les protestants retombèrent entièrement sous la domination de leurs ennemis. La déclaration du 14 mai 1724 confirma, et parfois même aggrava, les pénalités précédemment édictées. Une des grandes préoccupations du clergé résidait dans l’éducation des enfants protestants. La Vrillière écrivait à cette époque que les Nouveaux Convertis de Saint-Quentin faisaient passer leurs enfants en Hollande pour les faire élever dans la R.P.R. et n’envoyaient pas à la messe ceux qu’ils gardaient. Cette situation ne pouvait être tolérée. Mais, en raison même des excès des mesures contre les huguenots, ces dernières ne furent pas toujours appliquées.

En 1727, la ferveur de la foi huguenote s’était tant ranimée au nord du Vermandois que les cultes catholiques cessèrent pendant six mois à Jeancourt. Malgré les édits, on assistait à de nouvelles conversions qui venaient grossir les rangs huguenots. L’intendant Chauvelin résuma la situation en écrivant : " Je reçois tous les jours des plaintes de la part des curés de l’élection de Saint-Quentin, dont les paroissiens se pervertissent journellement pour embrasser la R.P.R. Il y en a qui s’ingèrent à faire les prédicants et qui corrompent les anciens catholiques. "

Les lois de répression continuaient pourtant à sévir. Le second jour de Pâques 1732, après avoir participé au culte des églises wallonnes de la Barrière, plus de deux mille huguenots furent arrêtés à leur retour, au passage de la frontière, et emprisonnés par ordre du gouverneur de la Flandre française.

En ce qui concernait les sépultures, la déclaration royale du 9 avril 1736 ordonna que, pour les religionnaires insoumis, si la sépulture ecclésiastique n’était pas accordée par le prêtre, l’inhumation aurait lieu en vertu d’une ordonnance du juge de police. Cette ordonnance, rendue sur les conclusions du procureur ou d’un haut justicier, devait être établie au greffe sur un registre spécial. Des extraits payant permettaient ensuite aux familles de faire pratiquer l’ensevelissement, sans aucune cérémonie religieuse, de grand matin ou le soir sans flambeaux. Toutes ces formalités étaient compliquées et coûteuses. N’ayant droit qu’à la terre profane, les morts huguenots étaient enterrés dans les jardins[39]. S’il n’y avait plus procès aux cadavres, on pouvait encore assister à des procédés révoltants. En 1760 le pauvre Pierre Loir décédé à Monvouloir, hameau de la paroisse de Pontru, mourut en s’entêtant dans la religion réformée : son cadavre fut enfoui dans le fumier...

Parmi les autres Nouveaux Convertis un peu plus soumis qui mettaient les pieds à l’église catholique, certains n’en cherchaient pas moins à participer le moins possible à la vie de l’Eglise. A Saint-Quentin, pour éviter d’être nommés marguilliers, messire Isaac de Brissac, écuyer, messire Jean Baptiste Isaac de Brissac, écuyer et monsieur Abraham Descarrières, marchand, offrirent une bonne somme d’argent pour la réparation de l’église, à condition de ne pas être nommés.

Aucun pasteur connu n’avait visité le Vermandois depuis le passage de Givry près de quatre-vingt ans auparavant, lorsque le ministre Charmusy, toujours œuvrant dans le secret, s’attela en 1769 à la réorganisation des Eglises de Lemé, Hargicourt, Templeux et Flavy-le Martel. Dans ce dernier village, sous l’influence du ministre, le zèle des huguenots se montra vite si grand que le ministre des affaires générales de la religion protestante[40], fit raser la maison où ils se réunissaient. Les Eglises reprenaient vie lorsqu’elles furent privées de leur bon ministre Charmusy. En effet, celui-ci fut arrêté en chaire le jour de Pâques 1770 à Nanteuil-les-Meaux. Jeté en prison à Meaux, il y mourut au bout de neuf jours.

Jean Baptiste Briatte lui succéda. Picard, il était originaire de Serain. Pendant deux ans, se gardant avec soin de la maréchaussée, il parcourut le nord de la France en ranimant la foi de ses coreligionnaires. Il présida un consistoire à Lemé en 1772. Pour des raisons inconnues, il dut quitter la région en 1773[41].

Après la mort du roi Louis XV en 1774, Louis XVI prêta serment de poursuivre la politique religieuse de ses aïeux et d’exterminer les hérétiques.. Mais les temps avaient changé et les esprits évolué. Conseillé par des hommes éminents et enclin lui-même à la compassion, il mit moins de zèle que ses prédécesseurs à persécuter les protestants.

Les ministres protestants continuèrent à rétablir les réunions religieuses (même si elles restaient secrètes). Les Eglises furent réorganisées dans la Brie et jusque dans la Thiérache. Mais la circonscription de l’ancienne Eglise de Saint-Quentin restait fermée à l’exercice public du culte réformé. Dans la Haute-Picardie, il n’y avait alors que deux assemblées par an, qui se passaient de nuit[42]. Vers 1775, le ministre de Saint-Quentin et Hargicourt, Dolivat et son collègue de Lemé, Bellanger, tentèrent d’améliorer cet état de fait. Un colloque s’assembla le 30 septembre 1776. Y participèrent anciens et diacres des consistoires d’Hargicourt et Jeancourt (Vermandois), Templeux (Santerre), Heucourt (Vimeu), Sempuis (Beauvaisis)[43]. Pour pourvoir aux principales dispositions à prendre, un règlement en dix-sept articles fut établi.

Quelques mois plus tard, un mémoire fut adressé au roi, lui exposant les événements survenus à Templeux-le-Guérard, Vendelles, Hargicourt, Nauroy, Jeancourt, etc., où les cavaliers de la maréchaussée continuaient à investir les assemblées protestantes, l’épée nue, pour en disperser les participants.

Si les lois n’avaient pas changé et si les prêtres en poursuivaient l’application, les magistrats, dont l’esprit avait évolué, hésitaient à les mettre en vigueur. Une preuve en fut fournit le 7 mars 1778 lorsque l a Cour du Parlement ordonna la réformation, dans les registres paroissiaux, de plusieurs actes de baptême à Hargicourt, Jeancourt, Nauroy, afin de corriger la grossièreté des termes employés par certains curés lors des naissances d’enfants réformés. Un certain découragement envahit les curés alors que les réformés, toujours craintifs mais reprenant espoir, organisaient à Bohain leur premier synode, réunissant les représentants des Eglises de Picardie, Cambrésis, Orléanais et Berry (24, 25, 26 novembre 1779).

Comme un certain nombre de ses prédécesseurs, le ministre Dolivat, entraîné par un excès de zèle, se mit à manquer de prudence. Les réunions religieuses qu’il organisait en secret, furent découvertes et dénoncées. Ses ennemis le firent arrêter pour crime. Il fut emprisonné à Saint-Quentin et n’obtint son élargissement qu’à la condition expresse de ne plus prêcher[44].

Immédiatement après le départ de Dolivat, arriva en 1780 le ministre Jean-Baptiste Née,[45]. bien décidé à se montrer plus prudent que son prédécesseur. Il connaissait bien la région, son père étant né à côté de Templeux-le-Guérard, et il possédait beaucoup de cousins et amis dans la région. Il prit d’abord sa résidence à Bohain puis, deux ans plus tard à Templeux, chez monsieur Louis Drancourt. En 1783, il dut pourvoir de plus au service de l’Eglise de Quiévy, vacante depuis le départ de monsieur Fonbonne-Duvernet. Un an après, il se décida à fixer son domicile à Saint-Quentin en se faisant passer aux yeux des autorités pour un professeur de français donnant des cours aux étrangers. Son action s’exerçait secrètement en visites à tous les coreligionnaires de la province. Sans cesse par monts et par vaux, il organisait les cultes et les réunions, baptisait, mariait[46], ...

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